Galadriel Avon
Revue Ex_situ, No. 28, Hivernité, 2022. © Éric St-Pierre.

No. 28, Hivernité

Ex_situ | 2022
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L’hivernité comme champ conceptuel dévoile une nomenclature et une grammaire visuelle propres aux espaces du froid. Indomptable, l’hiver rassemble ses initié·e·s au gré de ses caprices : son aridité dicte un quotidien entre résilience et résistance. À la fois imaginaires et tangibles, les lieux de l’hiver convoquent des expériences collectives variées et se situent au-delà du pays, de la ville, du logis. La thématique du présent numéro, dans ses retranchements intimes comme dans les constructions sociales qui l’entourent, se pense de manière pluridisciplinaire. À travers photographies, installations, dessins, estampes et actions performatives documentées, une écologie entre dossiers visuels, incursions poétiques et essais est ici tracée, composant ainsi le tissu réflexif de cette nouvelle parution d’Ex_situ.

co-édition | Galadriel Avon, Marie-Hélène Durocher, Béatrice Larochelle et Florence Simard
révision | Carla Cruz et Avril Gazeau
graphisme | Aleksandra Krakowiak
distribution et lancements | Galadriel Avon, Alexandra Dumais et Béatrice Larochelle




éditorial

connaître la gélivure pour induire le sublime
Galadriel Avon, Marie-Hélène Durocher, Béatrice Larochelle et Florence Simard

L’hivernité comme champ conceptuel dévoile une nomenclature et une grammaire visuelle propres aux espaces du froid. Indomptable, l’hiver rassemble ses initié·e·s au gré de ses caprices: son aridité dicte un quotidien entre résilience et résistance. Ses signes teintent une mythologie et un folklore pluriels. À la fois imaginaires et tangibles, les lieux de l’hiver convoquent des expériences collectives variées et se situent au-delà du pays, de la ville, du logis. Lorsque l’on habite le pays froid, le chez-soi est une saison qui ne finit pas.

Un esprit du Nord modelé par le territoire laisse deviner l’adaptation, appelle une épistémè propre. De l’éloignement et de l’isolement découle une géopolitique de l’espace vécu. L’hivernité, dans ses retranchements intimes comme dans les constructions sociales qui l’entourent, se pense de manière pluridisciplinaire. Sujet de prédilection dans de nombreux domaines d’études, ses déclinaisons et leur approfondissement permettent de réfléchir horizontalement notre rapport à la saison hivernale. Instinctivement pensée comme cyclique, elle se déploie dans sa variabilité.

La matérialité labile de l’hiver donne au tumulte des airs assourdissants: elle assoit le vivant dans une immensité aux repères fuyants. Un silence plein vrombit sur les plaines poudreuses alors que le froid mord la chair. Dans la dérive se pose une couverture blanche pour panser le bleu de l’engelure. L’épaississement de l’atmosphère suspend la mesure du temps, la givre. Imposer aux veinures de l’existence une latence, un prolongement, une présence dans son impermanence. L’hibernation comme brisure, pulsations minimales – doit-on meubler les temps longs de l’hiver ?

Aborder les enjeux de populations nordiques qui posent un geste de réappropriation territoriale, culturelle et identitaire jette un éclairage différent sur l’écosystème du numéro. L’intervention de pratiques autochtones permet une forme de recentrement, un horizon ciblé au large de motifs universels tels que l’urgence climatique. Une poésie de la solitude, de l’errance et de l’ordinaire permet à la revue de donner vie à de nouveaux paysages, ceux-là mêmes mis en valeur à travers photographies, installations, dessins, estampes et actions performatives documentées. Une écologie entre dossiers visuels, incursions poétiques et essais compose le tissu réflexif de cette édition papier.

Expédition au coeur de ce qui se pose ou se cristallise, ce dossier, espérons-le, saura esquisser un panorama riche en sensibilités.