Album jeunesse, Papa est un récit
émouvant sur les passages d’êtres
chers dans nos vies et sur les deuils qui
émergent à la suite de leurs départs.
L’auteur Serge Marquis sollicite la voix
d’un enfant de cinq ans pour poser
tout haut les incompréhensions que
soulèvent leur perte. Où vont ces
êtres? Où les trouver? Se portant à la
rencontre de ces questions qui
pourraient demeurer sans réponse,
l’interlocuteur accompagne l’enfant
dans la traversée de sa peine,
résorbant sa perte de repères et
atténuant sa tristesse.
Hautement poétique, la narration douce et enrobante mène le lectorat à travers une exploration de toutes ces émotions contradictoires qui sont mobilisées lorsque l’on côtoie, de près ou de loin, la mort. Loin d'être sombre, l’histoire fait plutôt jaillir la lumière. Ce lieu intangible en même temps qu’on ne peut plus véritable – l’Amour – habite de manière universelle les personnes faisant l’expérience de la vie humaine. S’y plonger pour entretenir la flamme des existences passées donne une valeur à leur héritage.
Le souvenir incarné de ces êtres adoucit les pleurs; ils ne partent pas, mais restent plutôt dans un lieu où flottent toutes ces choses nous ramenant à eux, nous permettant de les faire vivre encore. En ce sens, le dialogue entre un petit et cette grande personne qui lui sert d’interlocuteur propose une collision intéressante entre les choses adultes et les cosmologies enfantines, dotées d’une sagesse souvent oubliée. Les interrogations qui jaillissent de l’enfance donnent au récit une transparence, une vérité et une humilité certaines.
L’auteur, par les réponses vulgarisées transmises au jeune de cinq ans, déplie les différents ressorts émotifs et rationnels qui s’agitent lors de traversées endeuillées. Il permet aussi au lectorat cette douce introspection dans ses propres sentiments liés à ces épreuves qui ne lui sont pas inconnues. Mouvante, cette mémoire effleurée rappelle avec poésie, enfin, la fragilité de la vie.
Serge Marquis (illustrations : Gilles Rapaport). 2020. Papa. La Martinière Jeunesse, Paris, 33 p.
« Et la seule réponse véritablement honnête, je crois, serait :
– Il est dans l’Amour! Ton papa est dans l’Amour, mon grand. » (Marquis, p. 3)
Hautement poétique, la narration douce et enrobante mène le lectorat à travers une exploration de toutes ces émotions contradictoires qui sont mobilisées lorsque l’on côtoie, de près ou de loin, la mort. Loin d'être sombre, l’histoire fait plutôt jaillir la lumière. Ce lieu intangible en même temps qu’on ne peut plus véritable – l’Amour – habite de manière universelle les personnes faisant l’expérience de la vie humaine. S’y plonger pour entretenir la flamme des existences passées donne une valeur à leur héritage.
« Évidemment, si j’avais cinq ans, je persisterais :
– C’est quoi, l’héritage?
– Ce sont… les cadeaux qu’une personne nous a donnés pendant sa vie. Des cadeaux qu’elle laisse derrière elle, pour toujours. Ce sont des mots qu’elle a prononcés ou des gestes qu’elle a posés, comme dire “Bonjour” le matin, “As-tu bien dormi?”, ou tenir la main d’un enfant qui fait de la fièvre ou qui a le genou écorché parce qu’il a chuté à vélo. » (Marquis, p. 14-15)
Le souvenir incarné de ces êtres adoucit les pleurs; ils ne partent pas, mais restent plutôt dans un lieu où flottent toutes ces choses nous ramenant à eux, nous permettant de les faire vivre encore. En ce sens, le dialogue entre un petit et cette grande personne qui lui sert d’interlocuteur propose une collision intéressante entre les choses adultes et les cosmologies enfantines, dotées d’une sagesse souvent oubliée. Les interrogations qui jaillissent de l’enfance donnent au récit une transparence, une vérité et une humilité certaines.
« – Attends, attends, c’est quoi un poète?
– Un poète, c’est quelqu’un qui prend le temps de raconter la vie à toutes les personnes qui n’ont plus le temps de s’arrêter pour la vivre. Tu comprends?
– Oui, papa a souvent pris le temps de s’arrêter pour vivre la vie avec nous, il a fait ça!
– Tu as compris, mon grand. À sa façon, ton papa était un poète. » (Marquis, p. 10)
L’auteur, par les réponses vulgarisées transmises au jeune de cinq ans, déplie les différents ressorts émotifs et rationnels qui s’agitent lors de traversées endeuillées. Il permet aussi au lectorat cette douce introspection dans ses propres sentiments liés à ces épreuves qui ne lui sont pas inconnues. Mouvante, cette mémoire effleurée rappelle avec poésie, enfin, la fragilité de la vie.
Serge Marquis (illustrations : Gilles Rapaport). 2020. Papa. La Martinière Jeunesse, Paris, 33 p.