Marcher l’hiver: déploiements du soi dans les récits de la saison froide
Table ronde, Le Lieu | 2023
> lire sur la plateforme originale.
Table ronde, Le Lieu | 2023
> lire sur la plateforme originale.
Évènement inaugural de la tournée de trois lancements du nouveau numéro d’Ex_situ, la table ronde Marcher l’hiver: déploiements du soi dans les récits de la saison froide accueille les interventions des éditrices Florence Simard et Galadriel Avon ainsi que des artistes Myriam Tousignant, Éloïse Plamondon-Pagé et Collectif Bonneau-Knight. La discussion constitue une occasion de sonder la thématique du numéro lancé en adéquation avec les pratiques artistiques mises à l’œuvre en son cœur. Elle cherche à épouser la forme d’un lieu d’échanges autour du travail d’artistes qui pensent autrement la saison hivernale et qui mettent de l’avant les différents ressorts des récits collectifs construits autour de l’idée de l’hiver, tout en réfléchissant leurs propres déploiements.
Les territoires intimes et physiques que vous parcourez dans vos démarches respectives ont quelque chose d’absolument réel, brut, populaire, relevant presque du terroir. En même temps, votre intérêt se porte souvent sur ce que ces espaces suggèrent; sur leur aspect esthétique, idéel, poétique, ultimement intangible. Comment négociez-vous cette danse? Que capte d’abord votre regard et qu’est-ce qui vous motive à aller vers, à vous doter d’opportunités de rencontres?
À travers vos pratiques respectives, l’effort de raconter est perceptible. On détecte une poésie dans votre regard sur le monde, et dans cette façon que vous avez de porter, à différentes échelles, des récits individuels comme collectifs; à déploiements variables, finalement. Comment cet intérêt pour le dire s’active-t-il chez vous?
Dans la foulée, est-ce que ce regard que vous arrivez à braquer sur l’hiver, celui que l’on a tenté d’éclairer à travers notre 28e numéro, est un filon qui paramètre votre rapport aux saisons? Aux cycles? Au quotidien? On habite sans contredit un lieu de polarités, où froid et chaud s’alternent et revendiquent eux-mêmes leur place dans notre manière d’aborder le vivre. Qu’implique cela dans votre pratique où la fréquentation du lieu est importante?
On capte l’effet du temps dans chacune de vos pratiques. Qu’il soit rendu perceptible par le retravail d’archives, par le temps long suggéré à travers des prises de vues presqu’arrêtées ou encore par une documentation d’actions performatives qui travaillent l’étirement de la linéarité temporelle. Est-ce que de parler de l’hiver contribue à rendre visible, prendre la mesure de ce contournement? Cette saison porte-t-elle, en soi, une redéfinition du temps, de la vitesse, de l’accélération obligée par la productivité?
L’hiver est-il politique, de par sa poésie? Contribue-t-il à déstabiliser, revisiter nos habitus? Arrive-t-il à être transversal, en ce sens qu’au-delà du temps qu’il fait dehors, il vient toucher, chatouiller des zones de soi qu’il éclaire? Comment ces éléments se traduisent-ils dans votre
La recherche du collectif Bonneau-Knight se fonde sur le développement d’un lien affectif avec le territoire. S’inspirant des pratiques cartographiques et questionnant la fragmentation territoriale appliquées à un milieu vivant – ce cadre d’abstractions qui impose une compréhension occidentale du territoire – Bonneau-Knight cherche à les détourner et à les réinterpréter, privilégiant des méthodes imprécises appuyées sur la lenteur, la répétition et la sérialité. La structure même de nos communautés et de notre mode de vie contemporain nous voit souvent passer dans une succession d’espaces clos, à l’abri de notre environnement vital. En communion avec la géographie et le paysage, leur pratique repose sur un contact à pied, une expérience intime du lieu. Au cœur de leur démarche se trouve un processus collaboratif absolu; le travail qui en résulte est tributaire de cet espace partagé.
Myriam Tousignant est une artiste multidisciplinaire qui expérimente avec les médiums de l’impression, de la peinture, du dessin et de l’installation. Sa démarche artistique se développe autour du genre du portrait. Elle l’aborde comme un lieu d’introspection qui lui permet de poser un regard sur les autres et sur elle-même. Elle s’intéresse aux témoignages du temps passé qui forgent en partie son identité et qui évoquent ses racines québécoises. Elle crée des univers où peuvent se décliner des représentations d’objets, de scènes et de moments provenant d’archives photographiques. De cet intérêt portant sur son identité et son histoire familiale émerge un questionnement plus large en lien avec la culture à laquelle elle se rattache. À travers ses œuvres, elle rend compte de son héritage culturel et de sa langue par le biais de récits déconstruits et reconstruits. Ses œuvres possèdent ainsi une dimension volontairement nostalgique qui porte sur la commémoration et les affects.
La pratique d’Éloïse Plamondon-Pagé est traversée par le mouvement et par le temps. Comme elle, son travail se transforme à mesure que les résidences se succèdent, et ses projets mûrissent sur de longues périodes dans une démarche toujours en devenir. Sa sensibilité la guide vers différents médiums pour rendre compte de ses expériences : installation, estampe, vidéo, photographie, dessin, écriture. Ses impressions donnent corps à une accumulation de matières, et c’est quand le sens émerge de cette accumulation de fragments qu’un corpus d'œuvres se révèle et se cristallise. En filigrane, l’impermanence des choses imprègne son rapport à la création : devant l’éphémère, elle est sensible aux changements infimes du temps qui passe et se laisse imprégner par eux. Elle tente de saisir l’essentiel des fulgurances qui la traversent jusqu’à l’émouvoir et qui s’achèvent sitôt arrivées… Ses œuvres incarnent ce qu’il reste de son expérience sensible du monde : elles en sont le catalyseur, le vestige, le moyen pour elle de voyager jusqu’à l’autre.
Les territoires intimes et physiques que vous parcourez dans vos démarches respectives ont quelque chose d’absolument réel, brut, populaire, relevant presque du terroir. En même temps, votre intérêt se porte souvent sur ce que ces espaces suggèrent; sur leur aspect esthétique, idéel, poétique, ultimement intangible. Comment négociez-vous cette danse? Que capte d’abord votre regard et qu’est-ce qui vous motive à aller vers, à vous doter d’opportunités de rencontres?
À travers vos pratiques respectives, l’effort de raconter est perceptible. On détecte une poésie dans votre regard sur le monde, et dans cette façon que vous avez de porter, à différentes échelles, des récits individuels comme collectifs; à déploiements variables, finalement. Comment cet intérêt pour le dire s’active-t-il chez vous?
Dans la foulée, est-ce que ce regard que vous arrivez à braquer sur l’hiver, celui que l’on a tenté d’éclairer à travers notre 28e numéro, est un filon qui paramètre votre rapport aux saisons? Aux cycles? Au quotidien? On habite sans contredit un lieu de polarités, où froid et chaud s’alternent et revendiquent eux-mêmes leur place dans notre manière d’aborder le vivre. Qu’implique cela dans votre pratique où la fréquentation du lieu est importante?
On capte l’effet du temps dans chacune de vos pratiques. Qu’il soit rendu perceptible par le retravail d’archives, par le temps long suggéré à travers des prises de vues presqu’arrêtées ou encore par une documentation d’actions performatives qui travaillent l’étirement de la linéarité temporelle. Est-ce que de parler de l’hiver contribue à rendre visible, prendre la mesure de ce contournement? Cette saison porte-t-elle, en soi, une redéfinition du temps, de la vitesse, de l’accélération obligée par la productivité?
L’hiver est-il politique, de par sa poésie? Contribue-t-il à déstabiliser, revisiter nos habitus? Arrive-t-il à être transversal, en ce sens qu’au-delà du temps qu’il fait dehors, il vient toucher, chatouiller des zones de soi qu’il éclaire? Comment ces éléments se traduisent-ils dans votre
La recherche du collectif Bonneau-Knight se fonde sur le développement d’un lien affectif avec le territoire. S’inspirant des pratiques cartographiques et questionnant la fragmentation territoriale appliquées à un milieu vivant – ce cadre d’abstractions qui impose une compréhension occidentale du territoire – Bonneau-Knight cherche à les détourner et à les réinterpréter, privilégiant des méthodes imprécises appuyées sur la lenteur, la répétition et la sérialité. La structure même de nos communautés et de notre mode de vie contemporain nous voit souvent passer dans une succession d’espaces clos, à l’abri de notre environnement vital. En communion avec la géographie et le paysage, leur pratique repose sur un contact à pied, une expérience intime du lieu. Au cœur de leur démarche se trouve un processus collaboratif absolu; le travail qui en résulte est tributaire de cet espace partagé.
Myriam Tousignant est une artiste multidisciplinaire qui expérimente avec les médiums de l’impression, de la peinture, du dessin et de l’installation. Sa démarche artistique se développe autour du genre du portrait. Elle l’aborde comme un lieu d’introspection qui lui permet de poser un regard sur les autres et sur elle-même. Elle s’intéresse aux témoignages du temps passé qui forgent en partie son identité et qui évoquent ses racines québécoises. Elle crée des univers où peuvent se décliner des représentations d’objets, de scènes et de moments provenant d’archives photographiques. De cet intérêt portant sur son identité et son histoire familiale émerge un questionnement plus large en lien avec la culture à laquelle elle se rattache. À travers ses œuvres, elle rend compte de son héritage culturel et de sa langue par le biais de récits déconstruits et reconstruits. Ses œuvres possèdent ainsi une dimension volontairement nostalgique qui porte sur la commémoration et les affects.
La pratique d’Éloïse Plamondon-Pagé est traversée par le mouvement et par le temps. Comme elle, son travail se transforme à mesure que les résidences se succèdent, et ses projets mûrissent sur de longues périodes dans une démarche toujours en devenir. Sa sensibilité la guide vers différents médiums pour rendre compte de ses expériences : installation, estampe, vidéo, photographie, dessin, écriture. Ses impressions donnent corps à une accumulation de matières, et c’est quand le sens émerge de cette accumulation de fragments qu’un corpus d'œuvres se révèle et se cristallise. En filigrane, l’impermanence des choses imprègne son rapport à la création : devant l’éphémère, elle est sensible aux changements infimes du temps qui passe et se laisse imprégner par eux. Elle tente de saisir l’essentiel des fulgurances qui la traversent jusqu’à l’émouvoir et qui s’achèvent sitôt arrivées… Ses œuvres incarnent ce qu’il reste de son expérience sensible du monde : elles en sont le catalyseur, le vestige, le moyen pour elle de voyager jusqu’à l’autre.